- Je suis vraiment désolé, Gersimi. Si j’avais résisté à l’appel des fruits nous n’en serions pas là.
- Tu n’as pas à t’en vouloir, Folker. Je n’aurais pu moi même imaginer que nous serions les proies de plantes carnivores.
La sorcière et son ami étaient au fond d’une urne de feuillage dont la taille dépassait les dix mètres de haut et qu’il semblait impossible de remonter à mains nues. Le sol était rempli d’une eau huileuse qui leur remontait jusqu’aux genoux. Un liquide pas tout à fait appétissant, dans lequel flottaient les nombreux ossements qui avaient chutés en même temps qu’eux, les obligeait à rester debout, plantés là sans savoir quoi faire.
- Nous devrions d’abord trouver un moyen de nous tenir au sec, insista Gersimi. L’eau que ce type de plantes garde au fond de sa corolle sert le plus souvent à accélérer la diffusion de ses liquides gastriques. Si nous restons ici trop longtemps, nous allons littéralement fondre sur place.
- C’est donc pour ça que ces crânes sont si propres et que mes jambes me grattent, remarqua Folker en plongeant tout de même sa main dans le liquide. Il en ressortit un glaive un peu rouillé, restant des armes qui avaient autrefois équipé les cadavres des gens qui avaient été dévorés avant eux.
Puis il se dirigea, la pointe en avant, vers une des parois dans la ferme intention de la découper.
- Je ne ferais pas ça si j’étais toi, suggéra Gersimi.
Le tissus de la corolle était d’une telle souplesse et d’une telle solidité à la fois que la lame du glaive rebondit dessus comme une pierre lors d’un ricochet. Folker reçut presque immédiatement le plat de sa lame en pleine face, avec une force telle qu’une moitié de dent gicla hors de sa bouche.
- HA NON, PAS ENCORE ! hurla l’intendant en portant ses mains à sa bouche.
Un minimum de compassion ou au moins de politesse auraient dû empêcher Gersimi de se moquer, mais la fatigue et l’énervement avaient clairement rangé ces préoccupations loin dans sa tête.
Elle se mit à rire si fort qu’elle dut se tenir le ventre tout en s’appuyant de l’autre main contre un des murs. Tout d’abord vexé par l’attitude de son amie, Folker voulut froncer les sourcils et lui faire la morale, mais il ne put s'empêcher de sourire lui aussi quand il la vit s’écrouler assise dans l’eau, déséquilibrée par la force de son propre fou-rire.
De petits soubresauts envahirent les épaules jusqu’à exploser dans un éclat de rire encore plus fort que celui de Gersimi.
Leur hilarité nerveuse aurait certainement duré plusieurs minutes si une troisième voix n’avait soudainement hurlé encore plus fort qu’eux.
- Mais vous êtes complètement MALADES !
Gersimi et Folker se redressèrent immédiatement en position de combat, tournés vers le côté d’où venait l’altercation. Le soleil ne pénétrait que très peu jusqu’au fond de la plante, et il leur était impossible de voir jusqu’à l’autre bout. Mais Gersimi avait déjà reconnu la voix de la personne qui sortait maintenant de l’ombre pour s’avancer vers eux.
- Je ne sais pas si vous avez remarqué mais cet endroit est rempli de prédateurs plus improbable les uns que les autres. Vous avez décidé de tous les attirer à nous ?
-Göngu, espèce de voleur de bas étage, qu’est-ce que tu fais là ?
Qu’il avait l’air étrange, le Göngu, le bas du corps protégé d’un pagne de feuilles qu’il s’était lui même bricolé pour remplacer les braies que Gersimi lui avait arraché lors de leur dernier combat. Il tenait dans ses mains un bâton qu’il avait taillé pour s’en faire une lance de fortune et s’était attaché le blasàvlatn autour de la taille pour s’en faire un panier à provision.
- C’est plutôt à toi de m’expliquer, sorcière du dimanche, j’ai bien l’impression que c’est ta magie qui nous a plongés dans ce bourbier ! - Ca ne serait pas arrivé si tu ne m’avais pas cambriolée ! hurla la jeune femme.
Elle ramassa un crâne qui flottait à ses pieds pour le lancer au visage de Göngu. Hébété par le choc, il n’eut pas le temps de voir Gersimi foncer sur lui pour le plaquer au sol. Elle lui mit ensuite la tête sous l’eau et l’aurait maintenue ainsi jusqu’à ce qu’il soit noyé si Folker ne l’avait interrompue.
-J e ne pense pas que ça soit une bonne idée de tuer ce pauvre type. Après tout, son aide sera peut être la bienvenue pour nous sortir d’ici.
- J’ai … J’ai déjà tout essayé, répondit Göngu à Folker, bégayant alors qu’il essayait de parler tout en reprenant son souffle. Voici plusieurs heures que je suis prisonnier de cet estomac géant. J’ai voulu le percer en vain, comme toi. J’ai tenté de l’escalader, sans plus de succès. J’ai même versé le contenu de ces fioles que j’avais aussi volé chez ton amie la sorcière. Elles n’avaient pas d’étiquettes mais je me disait que le contenu de l’une d’entre elles aurait peut être un effet salvateur. Mais rien. La magie des bifrosters ne semble fonctionner que quand il s’agit de mettre les gens dans l'embarras.
Le regard mauvais que Gersimi lançait à Göngu se dirigea vers les trois fioles à moitié vides que tendait le voleur pour illustrer ses propos.
- Non seulement tu as le culot de déposséder une bifroster, mais tu ne prend même pas la peine de te renseigner sur la nature de tes vols, ricana la sorcière. Je pensais être fâchée contre toi, mais tu me rend finalement triste.
Elle s'approcha de Göngu, lentement cette fois, et s'accroupit en face de lui. Il la regardait droit dans les yeux, impassible, essayant de ne pas lui montrer qu’il avait peur d’elle.
Elle défit calmement les liens qui tenaient le blasàvlatn attaché autour de la taille du jeune homme et récupéra délicatement les trois fioles du bout des doigts, sans même frôler la main qui les tenait.
Puis, elle vida et rinça le blasàvlatn à l’aide de l’eau viciée dans laquelle ils pataugeaient et se dirigea vers le centre de la corolle tout en souriant à Folker.
- Trouve trois boucliers, et pose les sur des monticules d’ossements, Folker. Il semble que nous allons une fois de plus nous retrouver ballottés par notre environnement.
L’intendant se mit immédiatement à scruter le fond de l’eau parmis les armes qui y trainaient, excité à l’idée que Gersimi ait peut-être trouvé une solution.
Elle déposa le blasàvlatn au centre de la grande mare que constituait le fond de la plante, faisant flotter le casque tel un bocal. Elle versa alors immédiatement le contenu de deux des fioles à l’intérieur.
- Ne me dis pas que j’avais en fait la solution sur moi tout ce temps, s'inquiéta Göngu.
- Restez en périphérie de la mare et tenez vous chacun sur un des boucliers comme s’il s’agissait d’une luge, ordonna Gersimi. Et maintenez moi le troisième s’il vous plaît. J’espère pouvoir vous atteindre avant que la plante n’éternue.
- Mais voyons, Gersimi, une plante n’éternue pas, remarqua Folker.
- Je voulais éviter le mot “vomir” pour ne pas vous dégouter, ou d’utiliser le vocabulaire scientifique exact afin que cet abruti de Göngu puisse comprendre, dit elle en versant une simple goutte de la troisième fiole dans le blasàvlatn. A peine la gouttelette était-elle entrée en contact avec le reste du mélange que celui-ci se mit à bouillonner comme de la lave. Alors que Gersimi courait déjà vers ses compagnons d’infortune, l’eau autour du blasàvlatn se mit à bouillir comme si elle chauffait depuis des heures. Le bouillonnement s’étendit à telle vitesse que quand elle atteint son bouclier, l’eau dans laquelle elle pataugeait frémissait déjà.
- Gardez bien vos corps entiers sur la surface des boucliers. J’espère que la plante va nous rejeter avant que nous soyons bouillis !
Ni Folker ni Göngu ne réagirent à sa dernière phrase, ne sachant si elle tentait un trait d’humour noir ou si elle les prévenait d’un potentiel futur immédiat.
Heureusement pour eux, la plante réagit aussi vite que la chaleur avait grimpé. Pas d'éternuement, ni de vomi, mais la plante se pencha simplement sur le côté, comme on penche un verre de vin bouchonné pour le vider de son infâme liquide.
L'Intégralité du contenu de la plante déferla comme une vague vers l’extérieur et les trois humains furent projetés comme le reste, glissant sur les eaux puis sur le sol, accrochés à leurs boucliers.
En quelques secondes, ils étaient hors de la gueule de la plante, sur la terre ferme et sèche. Göngu se redressa immédiatement, sa lance de fortune en main, prêt à répondre à toute attaque d’une autre des plantes de cette maudite forêt. - Calme-toi, lui lança Gersimi tout en essorant ses vêtements. Ces type de plantes communiquent entre elles de façon bien plus efficace que les humains. Je pense qu’elle et ses voisines nous ont soudainement ôtés de la classe des comestibles.
Comme pour illustrer son propos, la végétation sembla se clairsemer autour d'eux, les bouches béantes autrefois si menaçantes se détournèrent complètement pour concentrer leur attention sur d’autres proies éventuelles. - Tu en connais beaucoup sur ces plantes. Ca veut dire que tu sais où nous sommes ? demanda Göngu. On est perdus à Jötunheim ?
- C’est le plus étrange, avoua Gersimi en observant la végétation environnante... En dehors de leur taille, ces plantes fonctionnent exactement comme leurs cousines de nos terres. Et ces cadavres ne sont ni des elfes, ni des trolls … Je ne connais pas leurs armoiries mais tout semble indiquer que ce sont des humains, et que nous sommes toujours dans notre monde. - Peut être que la question n’est pas de savoir où nous sommes. Peut être que la question est de savoir QUAND nous sommes, interrompit Folker. Gersimi et Göngu tournèrent d’un seul mouvement leurs deux visages éberlués vers Folker. - Mon frère et moi avons beaucoup étudiés l’histoire Romaine quand nous apprenions le Latin. Et si j’en crois mes souvenirs, les boucliers que nous venons d’utiliser portent les couleurs des Romains à l’époque où ils ont envahi les territoires du nord de la Gaule et donné son nom à la région de l’Algia il y a 900 ans. Ces mots étourdirent Gersimi plus fort que ne l’aurait fait un coup de massue. Elle se souvint comme dans un flash du moment où elle tentait de récupérer ses éclats de bifrost dans le fond du port de Touques. Quand le souffle était venu à lui manquer et que Folker lui avait atterri sur la tête, sa dernière pensée avait bel et bien été de remonter le temps afin de n’avoir jamais passé la nuit avec Göngu. Il semblait donc que les éclats avaient répondu à son appel et leur avaient fait remonter le temps, mais bien plus loin qu’elle n’aurait pu l’imaginer. Les voyages dans le temps avaient depuis longtemps été théorisés par les plus avant-gardistes des bifrosters, mais jamais pratiqués. Les éclats de Bifrost étant capables d’ouvrir des portails vers des mondes hors de notre espace temps, il semblait crédible qu’il soit possible de les utiliser pour déformer l’espace temps lui même. Mais les conséquences d’une telle utilisation représentaient un tel danger pour l’équilibre de l’univers entier que seuls les travaux théoriques étaient autorisés sur ce sujet. Si la rumeur dit que certains auraient mené des expériences en cachette, elle raconte aussi qu’aucun de ces bifrosters dissidents n'avait survécu à une expérience temporelle. Et voilà que Gersimi avait réussi à provoquer un voyage de 900 ans en arrière pour trois personnes (ainsi que d’une grande pentécontère, ne l’oublions pas) sans même l’avoir réellement désiré. - Il faut plus que jamais que nous retrouvions mes éclats de Bifrost. La moindre de nos actions, la moindre brindille que nous écrasons pourrait avoir des conséquences terribles pour le futur.
-Quand tu dis “le futur”, tu veux dire notre présent ? demanda Göngu qui s’essayait pour la première fois à la gymnastique intellectuelle des voyages temporels. - De quel présent tu parles ?
Tandis que Göngu se creusait la tête pour savoir quoi répondre à cette phrase, ils se remirent en route vers le fleuve, en direction du dernier signal que Gersimi avait perçu de ses éclats.
A mesure que notre petite troupe avançait en direction du cours d'eau, les corps de soldats Romains gisant sur le sol se faisaient de plus en plus nombreux. Il apparaissait que certains étaient transpercés de flèches étranges, taillées avec une précision incroyable dans des pièces de bois uniques. Qu'une pointe soit aussi finement taillée dans le même bois que sa tige était déjà un détail d'une finesse exceptionelle, mais que les ailerons fassent eux aussi partie de la même pièce, sculptées avec une finesse supérieure à celle d'une feuille de papier, relevait de l'exploit.
- Une flèche, un mort, remarqua Göngu. Les gens que combattent ces Romains sont d'une précision ébouriffante.
- Et ils sont proches, répondit Gersimi. J'entend des bruits de combats qui viennent du fleuve. Espérons que mes pierres ne sont pas tombées au milieu d'un champ de bataille.
C'était pourtant le cas.
La forêt se clairsemait aux alentours du fleuve pour laisser place à des marécages sur plusieurs dizaines de mètres. Et dans ces marécages s’affrontaient deux armées.
Gersimi, Folker et Göngu se cachèrent à l’orée de la forêt, sur une position en hauteur pour pouvoir observer la situation.
Les soldats Romains paraissaient être plus d’un millier et avançaient sans relâche vers une armée de femmes qui ne semblaient pas plus qu’une centaine.
Chacune de ces femmes avait le visage recouvert d’un masque qui ne laissait paraître ni les yeux, ni la bouche. Leur tenue de guerre faite de cuir et de branchages ne laissait pas observer un millimètre de peau.
Piégées face à l’armée et dos au fleuve, elles arrosaient leurs adversaires de salves de flèches aussi régulières que meurtrières. Une flèche, un mort, une flèche, un mort.
- Comment savoir où se situent tes pierres ? demanda Folker. - Je n’en ai aucune idée. Utiliser mon chant attirerait les regards vers nous et nous ne pouvons pas laisser cela arriver. Göngu gratta sa barbe en marmonnant.On voyait bien qu’il faisait semblant de réfléchir à une idée qu’il avait déjà. - Et si nous attendions sagement la fin de la bataille ? Après tout, si la règle des voyages dans le temps est d’entrer en interaction avec le moins de choses possible, ça me semble la meilleure des stratégies. - J’ai compris que c’est la lâcheté qui parle à travers toi, mais je dois admettre que pour l’instant, c’est la seule chose à faire.
- Contre toute attente, il se pourrait bien que ce soient nos mystérieuses autochtones qui l’emportent, remarqua Folker. Ces Romains pensaient les submerger mais leurs flèches passent à travers les failles de leurs formations comme l’eau au travers d’un panier.
Comme pour le contredire, un bruit d’explosion terrible fit trembler toute la terre aux alentours, jusqu’à faire tituber quelques uns des soldats. Le champ de bataille se couvrit d’un silence de stupéfaction et tous les regards se tournèrent en direction des bois, vers un point fort heureusement éloigné de nos voyageurs temporels.
Dans un fracas de branches brisées et d’arbres renversés, une figure titanesque s’extirpa de la forêt. C’était une femme qui se tenait maintenant derrière l’armée des envahisseurs. Mais une femme de 50 pieds de hauts. Vêtue d’une armure de guerre typiquement romaine, mais forgée dans de l’or massif, armée d’une lance au moins aussi grande qu’elle, sa peau était blanche comme la craie et ses yeux semblaient dénués de pupilles. Sur son bras droit se tenait une chouette tout aussi disproportionnée, dont le plumage brillait lui aussi comme de l’or.
Les Romains se mirent immédiatement à hurler de joie tandis que la géante se joignit à eux pour charger les autochtones.
- Contre toute attente, il se pourrait bien que ce soient finalement les Romains qui l’emportent, rectifia Folker tandis que ses deux camarades observaient la scène bouches bées. - Qu’est-ce que c’est que cette chose ? fini par bredouiller Göngu sans attendre aucune réponse à sa question purement rhétorique. Il fut d’autant plus surpris quand Folker lui répondit du tac au tac. - Si j’en crois la présence de la chouette à ses côtés, je crois bien qu’il s’agit de Minerve. La déesse romaine de la guerre. J’avais lu qu’elle prenait souvent part aux batailles mais je dois avouer que j’imaginais quelque-chose de moins littéral. Ces femmes vont se faire pulvériser … Et parce que les évènements semblaient prendre un malin plaisir à contredire tous les pronostics de l’intendant, le fleuve se mit aussitôt à bouillonner. Une forme humanoïde aussi grande que la déesse et entièrement constituée d’eau jaillit du cours d’eau pour frapper Minerve de plein fouet, tout en balayant au moins deux cent soldats romains au passage.
- Et ça, tu sais ce que c’est ? redemanda Göngu à Folker. - Ca alors, je n’en ai aucune idée …
- Je crois bien … Je crois bien que les anciens Celtes appelaient cette divinité "Niskai", dit Gersimi ébahie. Elle est l'âme du fleuve. Elle EST le fleuve. En même temps qu’elle prononçait ces mots, Gersimi plissa les yeux, et son visage blêmit.
- Et c'est elle qui a mes éclats de Bifrost …
Elle pointa du doigt le visage de l’humanoïde liquide. De loin, Folker et Göngu ne remarquèrent qu’un petit éclat de lumière un peu différents au milieu de son corps, mais la bifroster n’avait aucun doute. Les pierres magiques avaient du tomber dans le fleuve, et la créature s'était emparée d'elles .
- Si j’en crois l’histoire de la région, c’est Minerve qui va l’emporter, dit Folker. Peut être pourrions nous attendre qu’elle terrasse la Niskai pour les récupérer ensuite.
- Justement non, rétorqua Gersimi. Si elle transporte les pierres dans sa forme humaine, c’est qu’elle a ressenti leur pouvoir. Si elle les utilise à bon escient, elle pourrait bien remporter ce combat, tuer Minerve et changer définitivement l’histoire de la région. Tous les gens que vous avez rencontré depuis un an que Turold et toi vous êtes installés ici pourraient ne jamais naître, et peut être bien pire encore ! Il faut absolument récupérer les pierres et laisser une chance à l’histoire de suivre son cours.
- Si nous réussissons à récupérer les pierres, tu pourras nous ramener à notre époque ? demanda Göngu ?
- Bien sur, répondit Gersimi, je suis une bifroster.
Elle mentait.
Elle avait provoqué ce voyage à travers le temps malgré elle, sous l’effet combiné d’une noyade et d’un choc sur la tête et n’avait aucune idée de comment inverser le sort … Ni même de comment atteindre les éclats de Bifrost au milieu d'une telle bataille.
A suivre...
Comments